mardi 24 août 2010

Le feu à Corsept: bilan du festival Couvre Feu

Corsept (44), du 20 au 22 août

Le festival Couvre Feu a fait le plein, réunissant un public et des artistes d’horizons variés pour une neuvième édition qui a tenu ses promesses

Plus de 25000 personnes sur trois jours –le vendredi et le samedi étaient complets-, une ambiance conviviale et des prestations de qualité : les organisateurs du festival Couvre Feu, qui se tenait du 20 au 22 août derniers, peuvent être satisfaits. Implanté à Corsept, non loin de Saint Nazaire, cet évènement s’impose doucement dans le paysage des festivals de l’été, se démarquant surtout par un état d’esprit résolument alternatif et décalé. L’affiche parle d’elle-même puisqu’on y retrouva notamment cette année La Rue Ketanou, Max Romeo, Jello Biafra et Thomas Fersen.

A Corsept et ses sept chapiteaux de cirque, on a pu aussi bien voir un orchestre interprétant des chansons traditionnelles des Balkans qu’un « bal des enragés » qui porte bien son nom et reprend des classiques du rock, du punk et du metal. Le dimanche, jour de clôture, les festivaliers assistèrent à la prestation musclée des Américains de Sick Of It All mais se laissèrent aussi emporter par le répertoire doux et émouvant d’Irma, ils voyagèrent en Jamaïque le temps d’un concert d’Alborosie, lui-même originaire d’Italie, en passant par le rock endiablé et puissant des Nordistes de Skip The Use. Des sonorités, des esthétiques et des cultures à mille lieues les unes des autres donc, mais qui se rassemblent et poursuivent un même but, celui de repousser les frontières et les carcans en tout genre. Une belle manière aussi de dénoncer toute l’absurdité et la dangerosité des dérives de plus en plus droitières de notre gouvernement – plusieurs artistes ne se priveront d’ailleurs pas d’y faire référence durant le festival. Et quoi de mieux que la musique, par essence politique, pour y parvenir ?

Au-delà de la musique et des 23 groupes ou artistes présents, Couvre Feu a aussi mis à l’honneur l’art et le spectacle vivant, son illustrateur Eric Fleury y exposant ses créations tandis que Monsieur Hippolyte et sa troupe de théâtre d’improvisation nous entraînaient dans leur cabaret burlesque et barré. Le festival entend rester à visage humain, privilégiant les coups de cœur et les liens d’amitié sincère plutôt que la course à la tête d’affiche et les rassemblements de foules immenses et anonymes. L’association organisatrice, Rue Tabaga&Couvre Feu, garde aussi, depuis sa création en 1998, ce qui est une marque de fabrique : faire vivre le milieu rural en y organisant des évènements (musicaux donc), mais aussi en tissant un lien social bienvenu entre adhérents, locaux, bénévoles et artistes. Citoyen et militant, bigarré et allergique aux conventions en tous genres, Couvre Feu, avec des moyens modestes, semble en tout cas avoir de beaux jours devant lui.

Maxime Bourdier

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